Face à l'expropriant, la solidarité est Face à l'expropriant, la solidarité est notre force
Bruno Bahin, exploitant agricole à Thieux (Seine-et-Marne) et vice-présidnet de l'Aperr (1), témoigne.
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« Le grillage de l'aéroport de Roissy Charles De Gaulle marque la limite de mes parcelles. Beaucoup de terres ont été expropriées lors de sa création. D'autres encore il y a sept ans, pour son extension. Puis il y a eu le tracé de nouvelles routes et l'agrandissement de celles existantes.
Dans la Seine-et-Marne, on se fait prendre des hectares tout le temps ! C'est notre outil de travail que nous perdons.
Le code de l'expropriation impose de remplacer ce qu'on nous prend mais les terres libres sont hors de prix. Un hectare de betteraves rapporte moins qu'un hectare de hangar...
L'Etat n'est pas généreux dans ses deniers. Non seulement il impose aux expropriés de se séparer de leurs terres mais à un prix souvent moindre que celui auquel ils auraient pu prétendre en les vendant.
Neuf fois sur dix, les fouilles archéologiques qui précèdent les chantiers coûtent plus cher à l'expropriant que l'acquisition du foncier.
Le droit de propriété vaut quand même autre chose que des fouilles !
Ici, dans la région parisienne, on a pris des coups mais on a aussi appris à se défendre. Le seul moyen de peser dans les négociations, c'est d'être solidaire.
Propriétaires et exploitants concernés par une expropriation doivent se rassembler. Notre association est aujourd'hui un interlocuteur prioritaire des expropriants, quels qu'ils soient. Nous nous battons sur l'évaluation de la valeur financière des biens expropriés et le montant des indemnisations.
Nous avons rédigé le premier protocole d'éviction il y a plus de trente ans. Les protocoles doivent tout prévoir pour déterminer le cadre d'indemnisation d'une exploitation expropriée. C'est un travail considérable, chapeauté par la chambre d'agriculture.
Nous intervenons ensuite pour aller au-delà du protocole, par la négociation. C'est un combat permanent. L'idéal serait que les indemnisations soient fixées en fonction du changement de destination des terres prévu.
Ce serait une manière d'être solidaire vis-à-vis du traumatisme que cause le prélèvement de terres. Car, malheureusement, la valeur affective ne s'indemnise pas. »
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(1) Association des propriétaires et exploitants de la région de Roissy.
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